Partner Emmanuèle Lutfalla and Associate Déborah Azerraf highlight that the insurance market is bound to evolve as new risks continue to emerge in La Tribune de l’assurance.
Emmanuèle and Déborah’s article was originally published in La Tribune de l’assurance, 1 November 2022, and can be found here.
La gestion des risques et l’anticipation d’évènements futurs sont au cœur de l’assurance. Mais les risques changent inévitablement avec le temps ou s’intensifient, à mesure que l’activité humaine évolue. La question essentielle est de savoir si les assureurs sont capables de proposer des produits adaptés pour les couvrir.
Selon AXA, il existe six grandes catégories de risques émergents : le changement climatique, le cyber, l’IA (intelligence artificielle), l’IdO (Internet des objets), la robotisation et l’instabilité financière. Les événements récents, tels que les pandémies ou les conflits régionaux peuvent être ajoutés à la liste. Compte tenu d’un tel éventail de risques émergents, les compagnies d’assurance sont-elles dotées des produits d’assurance permettant de garantir leurs assurés de façon satisfaisante ?
En déterminant les niveaux potentiels de risques émergents et la capacité des produits d’assurance actuels à s’y adapter, d’aucun pourrait considérer qu’il y a lieu de s’inquiéter. Par exemple, le cyber-risque reste largement sous-assuré, en partie en raison des primes élevées qui s’appliquent. Pourtant, une cyberattaque réussie contre une grande entreprise pourrait potentiellement entraîner des pertes se chiffrant à plusieurs dizaines de milliards d’euros et aucun assureur n’est à ce jour en mesure de faire face à un tel niveau de pertes. En réponse, les assureurs proposent dans un premier temps d’essayer d’améliorer la prévention de ce risque plutôt que d’essayer d’obtenir une protection d’assurance pour couvrir le pire des scénarios.
En guise d’alternative, les risques émergents aux conséquences potentiellement catastrophiques de cette ampleur pourraient être résolus en utilisant de nouveaux outils purement financiers contournant le modèle d’assurance traditionnel, notamment les catastrophes bonds (obligations « catastrophes ») ou l’assurance paramétrique.
Selon SWISS RE, les pertes économiques totales dues aux catastrophes naturelles (tremblements de terre, inondations, etc.) et causées par l’homme (attentats terroristes, par exemple) s’élèvent à environ 150 milliards € par an. L’assurance traditionnelle a vocation à protéger les entreprises contre ces événements à faible probabilité et à coût élevé.
Créées à la suite de catastrophes naturelles au milieu des années 1990, les catastrophes bonds sont une alternative à la réassurance catastrophe traditionnelle. En tant que titres liés au risque, les compagnies d’assurance émettent des obligations par l’intermédiaire de banques d’investissement, transférant ainsi des risques spécifiques à des investisseurs, qu’il s’agisse de fonds spéculatifs, de fonds axés sur les catastrophes et de gestionnaires d’actifs.
Bien que ces compagnies de réassurance spécialisées soient pour la plupart domiciliées dans des juridictions offshore situées dans les Caraïbes ou en Irlande, les assureurs français pourraient être tentés de les utiliser davantage dans un avenir proche.
L’assurance paramétrique est une autre branche de l’alternative : un contrat d’assurance qui prévoit la survenance d’un événement spécifique. Un montant fixe est versé sur la base de l’ampleur de l’évènement, plutôt que de l’ampleur des pertes, comme c’est le cas dans une police traditionnelle. Déjà en place pour certains risques, elle pourrait avoir vocation à s’étendre à d’autres secteurs de l’assurance dommage.
La troisième branche de l’alternative consiste à accroître l’auto-assurance ou à mettre en place une captive, c’est-à-dire une filiale d’assurance détenue à 100 % qui a pour vocation de gérer et maitriser les risques pour le compte de sa société mère en butte à des difficultés à s’assurer contre certains risques.
De même, en ce qui concerne le risque systémique, il incombe de plus en plus aux entreprises d’anticiper les risques potentiels, par exemple, en évitant de réaliser des investissements importants dans des instruments financiers considérés comme présentant des niveaux de risque plus élevés, tels que les produits dérivés ou les crypto-monnaies. À la suite de la crise financière mondiale de 2008, ces risques ont été fortement mis en évidence par les banques centrales et les autorités réglementaires de nombreux pays. De la même manière, on attend de l’assuré qu’il n’installe plus ses productions à proximité de sites jugés trop exposés à des cataclysmes climatiques.
En somme, l’ampleur potentielle de ces risques émergents a commencé à modifier fondamentalement le statu quo entre les assureurs et les assurés. Dans le pire des cas, c’est en effet le système dans son entier qui pourrait être durablement déstabilisé si la combinaison de ces risques venait à jouer en même temps que le niveau habituel des catastrophes naturelles.
Il est difficile de faire des prédictions fermes pour l’avenir. Les solutions d’assurance alternatives évoquées ci-dessus arriveront plus tôt que tard, les assureurs français devront être prudents car les produits financiers alternatifs qui les soutiennent pourraient être plus attractifs pour le marché que les produits d’assurance traditionnels. Ils devront donc s’adapter. Pour faire face aux risques émergents et aux produits compétitifs qui les atténuent, de nouvelles fusions entre compagnies d’assurance sont également probables.
Une chose reste certaine : le marché de l’assurance est voué à évoluer à mesure que de nouveaux risques continueront d’apparaître ou de s’intensifier.
Latest news

@SignatureLitLLP
We are pleased to announce that Ela Barda has been promoted to Counsel - many congratulations, Ela! Read more here: bit.ly/3XMqd7A #Litigation #CommercialLitigation pic.twitter.com/JxZLKh1qN2
Sylvie Gallage-Alwis and Elias Boukachabine provide an overview of Product Regulation and Safety in France in Thomson Reuters Practical Law
26 September 2023
Sylvie Gallage-Alwis and Elias Boukachabine provide an overview of Product Regulation and Safety in France in Thomson Reuters Practical Law
26 September 2023